Jean-François Arnaud
Publié le 14 décembre 2006

Après les Français riches et célèbres, les cadres supérieurs sont maintenant séduits par les rives du lac Léman.
 
NE LES cherchez pas à Saint-Germain-des-Prés ou dans les cafés de Montmartre, aujourd'hui les artistes français sont tous réfugiés dans un havre fiscal. Au choix, la Suisse, la Belgique, Monaco, l'Irlande. Alain Delon (devenu citoyen suisse) et Charles Aznavour ont été parmi les premiers à préférer la Suisse. Ils ont été suivis par de nombreux ­confrères : Marie Laforêt, Isabelle Adjani (repartie depuis peu), Yannick Noah ou encore Patricia Kaas qui s'en était expliquée il y a deux ans dans une émission télévisée, en vantant la qualité de vie au pays de l'emmenthal.

Bien entendu, les artistes ne sont pas les seuls à passer les Alpes, la colonie française compte aussi de nombreux sportifs retraités ou en activité (Jean-Claude Killy, Alain Prost, Guy Forget, Richard Virenque, Amélie Mauresmo, Sébastien Loeb...), des grands noms des affaires (Alain Afflelou, Jean-Louis David, Roger Zannier, Michel Reybier...), et de l'édition (Christian Jacq, Bernard Clavel...). « L'État français fait beaucoup pour la prospérité de nos cantons, s'amuse Me Charles Poncet, avocat suisse, mais la Suisse n'est pas le seul pays d'accueil, il y a aujourd'hui une grande concurrence entre les différents exils. » Pour les candidats à l'expatriation, la Confédération ­helvétique est « une destination idéale si l'on a de jeunes enfants », indique François Micheloud, directeur du cabinet Micheloud et Cie, spécialisé dans le conseil à l'installation en Suisse. Outre son attrait fiscal, le petit pays séduit dans sa proximité avec la France, la qualité de ses écoles, de sa gastronomie et l'anonymat qu'elle permet aux célébrités les plus farouches. Mais la tranquillité n'est pas toujours au rendez-vous. Ainsi Alain Prost, installé à Nyon, dans le canton de Vaud, est en conflit depuis plusieurs mois avec la municipalité qui a fait installer un kiosque à musique ­devant chez lui.

Sans domicile fiscal
Dans ce paysage de carte postale, la commune de Gstaad, choisie par Johnny Hallyday, est une sorte de réserve de célébrités, « Liz Taylor a un chalet, et Michael Jackson passe beaucoup de temps dans cette ville où l'on a arrêté Maurice Papon », ­témoigne un habitué de la station. Mais derrière les paillettes, les experts notent « une démocratisation de l'exil en Suisse ». Selon François Micheloud, les émigrés français qui constituent près de la moitié des ­arrivants, sont de plus en plus ­souvent des cadres supérieurs et ­dirigeants : « L'installation chez nous peut être intéressante dès 50 000 euros de revenus annuels. »